Le territoire
Le territoire du SIVVB : un rapport vital et complexe avec l’eau
Le territoire du Syndicat du Vigueirat et de la Vallée des Baux (SIVVB) s’étend sur une région emblématique de la Provence occidentale, englobant la plaine de la Crau, les Alpilles, la vallée des Baux et les abords de la Camargue. Ce territoire est façonné depuis des siècles par l’interaction entre l’homme et l’eau, un élément à la fois vital et redouté. Cette histoire s’inscrit dans une quête constante de maîtrise des flux hydriques pour l’agriculture, la prévention des inondations, et la gestion des écosystèmes.
Une histoire enracinée dans le Moyen Âge
Dès le Moyen Âge, les communautés locales ont entrepris des travaux pour maîtriser les eaux de la région. La construction des premiers canaux d’irrigation visait à transformer les terres marécageuses en zones cultivables. Parmi ces ouvrages, le canal du Vigueirat, conçu au XVIIe siècle, témoigne de cette volonté d’aménager le territoire. Ces efforts répondaient à des besoins agricoles mais aussi à des impératifs sanitaires, les marais étant associés à la propagation de maladies.
Les villages médiévaux de la vallée des Baux, tels que Paradou ou Fontvieille, prospérèrent grâce à la culture de la vigne et de l’olivier, rendue possible par la gestion ingénieuse des ressources en eau. Cependant, les périodes de sécheresse et les crues du Rhône mettaient régulièrement à mal ces fragiles équilibres.
Évolutions sociales et économiques
À partir du XIXe siècle, les grands travaux hydrauliques se multiplièrent sous l’impulsion des progrès techniques et des besoins croissants d’une agriculture en pleine mutation. Les terres de la Crau, autrefois réputées pour leurs prairies naturelles et leur célèbre foin, furent irriguées de manière plus systématique, notamment grâce au canal de Craponne. La Camargue voisine vit également l’expansion de rizières, bien que celles-ci fussent confrontées à des contraintes climatiques et hydrologiques importantes.
Ces aménagements s’accompagnèrent d’une transformation sociale. Les grandes propriétés agricoles coexistaient avec de petites exploitations, tandis que les conflits autour de l’accès à l’eau devinrent récurrents. Ces tensions, déjà présentes à l’époque féodale, se cristallisèrent au XIXe siècle autour de la distribution inéquitable des ressources hydriques.
Traditions et modes de vie
Les traditions locales, profondément ancrées dans ce territoire, reflètent cette relation étroite avec l’eau. Les fêtes camarguaises, les transhumances des troupeaux et les marchés agricoles témoignent d’un attachement à un mode de vie façonné par la gestion des terres irriguées. La culture de l’olivier et de la vigne reste emblématique de la vallée des Baux, où des techniques anciennes d’irrigation coexistent avec des pratiques modernes.
Cependant, l’eau n’a pas toujours été un allié. Les crues du Rhône et les inondations ont laissé leur empreinte dans les mémoires et les paysages. Les digues et barrages, construits pour protéger les villages et les cultures, rappellent les luttes incessantes contre les forces naturelles.
L’eau qui tue, l’eau qui fait vivre
Dans cette région, l’eau est à la fois destructrice et source de vie. Les inondations catastrophiques du Rhône, comme celles de 1993-1994, ont causé des pertes humaines et matérielles importantes, rappelant les défis permanents de la maîtrise des cours d’eau. À l’inverse, l’eau irrigue les prairies de la Crau, alimente les vergers et les rizières, et soutient la biodiversité exceptionnelle de la Camargue.
Le canal du Vigueirat, aujourd’hui reconnu pour son rôle écologique, incarne cette dualité. Initialement conçu pour assainir les terres et protéger les populations, il est devenu un élément clé de la préservation des zones humides, abritant une faune et une flore remarquables.
Perspectives et défis
Le territoire du SIVVB continue d’évoluer face aux enjeux contemporains. Les changements climatiques, la pression démographique et les nouvelles pratiques agricoles posent des défis inédits en matière de gestion de l’eau. La nécessité de préserver les équilibres écologiques tout en répondant aux besoins humains exige une gouvernance innovante et concertée.
Ainsi, le SIVVB, héritier d’une histoire riche et complexe, se trouve à la croisée des chemins entre tradition et modernité, entre la mémoire des luttes passées et les défis d’un avenir durable.
